La mafia dans le monde

          | El voto di scambio

El voto di scambio signifie achat de consensus électoral. En effet, la mafia aide les hommes politiques à se faire élire, soit en faisant pression sur la population pour l'obliger à voter selon son souhait ou soit en octroyant des sommes d'argent élevées pour leurs campagnes. La mafia en Sicile, par exemple, par une technique habituelle, force la population à voter pour certains partis et certains politiques. En échange de cette faveur, ils garantissent à la mafia une protection de leurs commerces illicites, une fois au pouvoir. C'est ainsi, que des mafieux accèdent à des rangs élevés tels que maire, préfet ou conseillers municipal. La mafia demande surtout le soutien des hommes politiques qu'elle a aidé, lorsqu'elle a affaire aux tribunaux. 

On voit même des mafiosos devenir entrepreneurs du bâtiment grâce à l'appui des politiciens. Se mit alors un véritable réseau entre la mafia et la politique mais aussi l'économie, à Palerme par exemple, mais aussi dans les villes de la Sicile. Les appuis politiques de la mafia n'était pas inquiétés car même dans les rapports de la Commission parlementaire antimafia institué en 1963, les liens entre la politique et la mafia étaient rangés dans la catégorie "irrégularités administratives" au lieu d'être qualifiée dans "association de malfaiteurs". Dans la plupart des cas, on dénonçait la situation sans proposer la moindre solution. Les complicités de haut niveau, étaient elles niées, les enquêtes judiciaires n'aboutissaient pas à la fin des années soixante, quelques non-lieux retentissaient et remirent en liberté un grand nombre de ceux qui avaient été arrêtés en Sicile. 

Le lien entre la mafia et les hommes politiques n'est pas nouveau, dès le début, la mafia avait entretenu, dans la mesure où elle contrôlait un territoire, des relations avec des hommes politiques. En Sicile, à partir de la moitié des années cinquante, ses relations entre représentants politiques des partis et organisations mafieuses s'élargirent. L'influence de la mafia s'étendit aux institutions d'Etat, et même au Parlement, réussissant même grâce à ses alliés politiques, à retarder les décrets d'applications d'une loi antimafia efficace. Cependant, quelques problèmes avaient lieu lorsque certains politiques ne respectés pas leurs engagements. En effet, dans ce cas, on entendit des mafiosos dirent: "Maintenant, nous allons leur faire la peau à tous" c'est à dire " Faisons la peau aux politiques et à tous ceux qui n'ont pas respecté leurs promesses de protéger la Cosa Nostra". Cette expression nous montre que la Cosa Nostra avait décidé de donner des ordres aux politiques et aux fonctionnaires puis d'être obéis. Ainsi s'expliquent tous les assassinats d'hommes politiques et de représentants institutionnels commis par les mafiosos, ce qui se traduisit par des années de massacres:

  • le 30 avril 1982: Pio La Torre, secrétaire régional du Parti communiste italien,et son chauffeur Rosario Di Salvo sont assassinés.
  • le 16 juin 1982: lors d'un transfert, les trois gardes du corps et le chauffeur qui escortaient Alfo Ferlito, dont l'élimination avait été décidée par la mafia sont abattus
  • le 3 septembre: ce sont le préfet de Palerme, le général des carabiniers, Carlo Alberto Dalla Chiesa, sa femme Emanuela Setti Carraro et le garde du corps qui  sont tués.
  • le 24 janvier 1983: le substitut de la République à Trapani est tué
  • le 5 janvier 1984:  un journaliste courageux de Catane qui avait révélé que la mafia était désormais infiltrée dans les centres du pouvoir de la ville est tué.

La mafia pouvait aussi faire voter les personnes âgées. En effet, certains mafieux se sont fait une spécialité avec les électeurs du troisième âge et spécialement ceux qui résident dans des maisons de retraites où la famille ne passe pas souvent. Une centaine, par exemple, de procurations signifie donc une centaines de votes acquis pour le candidats. 

Voici quelques exemples d'association entre mafieux et hommes politiques: Don Balsamo, un mafieux, fut l'un des premiers à aider un homme politique: Antonio Marinella qui devint maire de New-York en 1905. Lucky Luciano, l'un des plus grands criminels que le monde ait jamais connu aida Roosevelt pour la présidence en 1932. Sam Giancana, en contact avec Joe Kennedy aida son fils John pendant les élections présidentielles américaines en 1960.

Voici un livre, Enquête sur la Camorra, Naples et ses réseaux mafieux, de Tom Behan, publié pour la première fois en anglais en 2002 où l'auteur enquête et reconstitue ici l'histoire de la Camorra et son fonctionnement : le racket des commerçants et la contrebande de cigarettes, mais aussi l'infiltration de l'administration (hôpitaux, maisons de retraite, marchés publics), les collusions avec le monde politique. Il donne le récit des grandes affaires et scandales. Quelques extraits en rapports avec cette partie ont été sélectionnés et nous montrent l'ampleur de l'infiltration de la mafia dans la politique:  

  •  "A Naples, les citoyens ont complètement perdu la foi en leurs droits et en la justice rendue par le conseil et par l'Etat."
  • "Ces relations existent depuis si longtemps et sont devenus tellement enchevêtrées qu'elles semblent aussi normales qu'essentielles. La longue interdépendance entre grands criminels et politiciens locaux a probablement permis à la Camorra de surmonter les incertitudes provoquées au début des années 1990".
  • "Si la relation entre Camorra et politiciens locaux était encore relativement instable au début des années 1980, il est clairement apparu, dans les années qui ont suivi, que de nombreux politiciens locaux subissaient l'influence de la Camorra, quand ils n'en étaient pas complices. Les assassinats politiques se sont multipliés à la fin des années 1970 et au début des années 1980".
  • "Si l'on regarde au-delà des meurtres, le niveau d'intimidation donne  une image encore plus nette de la situation: entre avril 1982 et mars 1983, on recense 17 attentats à la bombe visant des administrateurs locaux, 5 visant des permanences de syndicats, 16 agressions de syndicalistes, 5 assassinats de présidents de comité du conseil et 14 agressions de conseillers. Ces violences soudaines et systématiques résultent de deux facteurs: la croissance interne des gangs de la Camorra dans la seconde moitié des années 1970 et l'augmentations massive des budgets des conseils".
  • "La Camorro devenait ainsi partie intégrante du système politique"
  • "Pour les politiciens qui s'opposaient à la Camorra, ou qui étaient associés à un gang sur le déclin, le prix à payer restait élevé. Douze conseillers ont été assassinés en Campanie entre 1984 et 1985; on peut parler de stratégies délibérée. Cependant, il suffit normalement de briser quelques genoux, de passer quelques politiciens à tabac et de les menacer, eux ou leurs familles. Agressions, menaces, processus de conditionnement et d'infiltration criminelle directe ont tous contribué à détériorer sérieusement la démocratie à la base".
  • A la fin des années 1980, la Camorra était solidement implantée au sein de nombreux conseils locaux. Un rapport donne le détail d'enquêtes menées entre 1988 et 1989 sur 192 administrateurs locaux, qui aboutirent à 126 mises en examens et 21 accusations d'appartenance à un gang de la Camorra; 5 (seulement) des personnes incriminées furent ensuite arrêtées".

  • Aujourd'hui, les clans de la Camorra sont capables de déterminer les majorités et de garantir le succès électoral d'un candidat, en particulier dans la province de Naples: le chef de la Camorra contacte directement le politicien, il lui parle personnellement et ils finissent par décider ensemble de projets de construction ou d'autres questions".
  • "Il est très difficile de vérifier l'identité de ceux qui entretiennent des liens avec la Camorra. Francesco Tagliamonte, le maire de Naples, reconnaissait en 1993: Dans la grande confusion de toutes les choses à faire avec 17000 employés municipaux, il est totalement impossible d'identifier les personnes liées avec le camorista (membre de la Camorra)."
  • "Comme ils (les camorristes) savent qui va voter dans tel bureau de vote particulier, le camorrista se dit: de la famille X qui a été contactée, il doit y avoir tant de voix..  Hormis le fait de voter pour ce candidats parce que je vous le demande, si vous voter pour Fred Smith, vous obtiendrez quelque chose en contrepartie: il y a des postes de fonctionnaire à pourvoir, des contrats à attribuer, des certificats d'invalidités à obtenir pour recevoir une pension, et ainsi de suite...Ils vérifient et contrôlent des votes, mais avant tous ils contrôlent le candidat élu. Celui-ci doit agir de sorte que les promesses faites avant les élections soient effectivement tenues. Si un politicien dit: Cher électeur, si vous voter pour moi, et qu'après mon élection je suis certain d'avoir obtenu votre voix, je donnerai à votre fille un emploi dans ce service particulier , la personne va donc voter pour lui".

  • "Le cammorista ne s'inquiète jamais de savoir si quelqu'un tiendra ses promesses parce qu'il peut resoudre le problème. Si un homme d'affaires ou un politicien est élu, il doit respecter l'accord passé avec le camorrista, lequel consiste à dire: Ne t'inquiète pas, fais-moi élire et j'agirai toujours en ta faveur . Ensuite, s'il devient maire ou président d'une commission et ne respecte pas ses engagements, le camorrista n'a pas beaucoup de solutions, il ne va pas attendre cinq ans... Il le fait évidemment abattre".
  • "Il est important de noter l'échelle des ressources employées par les gangs de la Camorra en période d'élections, souvent dans plusieurs dizaines de bureaux de vote s'il s'agit de villes moyennes".
  • "Le chômage à long terme et la pauvreté constituent les facteurs essentiels de la force de ce système: les gens à la recherche désespérée d'un emploi ou d'une aide financière quelconque sont tout simplement si nombreux qu'ils se montrent prêts à accepter ce genre d'arrangement. Voici un scénario classique: un camorrista qui emploi au noir des ouvriers du bâtiment leur demande de voter pour tel ou tel politicien. On assiste alors aux événements suivants, quand le camorrista s'arrange pour lier leurs intentions de vote à la permanence de leur emploi. Il se passe l'échange suivant: Si tu veux continuer à travailler ici, voilà pour qui tu doit voter. Toi, ta famille et tes amis, après, ils réussissent à faire un décompte approximatif dans les différents bureaux de vote où ces gens sont inscrits et ils vérifient que les instructions sont biens suivies".
  • "Un étudiant a raconté que juste après avoir voté: je suis sorti et j'ai vu qu'un groupe d'individus à l'air louche attendaient les électeurs à l'extérieur du bureau. Ils vérifiaient le cachet officiel sur la carte d'électeur, remerciaient et payaient; ils distribuaient des billets de 5, 25, 50 dolars..."
  • "Il ne s'agit pas de consensus mais de nécessité; vous votez pour eux tout en les haïssant".

On voit que ce livre reflète totalement la réalité.

 


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